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ÂME BLANCHE

rendant la coiffure de ma première enfance, c’est au goût de sa belle-sœur, vers qui j’allais, qu’elle faisait une concession.

Et, cependant, depuis que ma visite à Uccle était chose décidée, une sorte de changement s’était produit en la vieille fille, qui la rendait moins rude pour moi, plus affectueuse, presque tendre. Elle redoutait, eût-on dit, la comparaison que j’allais enfin pouvoir établir entre ma vraie mère et celle qui m’en avait tenu lieu depuis six ans. Et, en même temps, elle semblait vouloir prouver à cette autre, si inconsciente qu’elle fût, hélas ! que sa fillette n’était pas en trop mauvaises mains là où elle se trouvait. Je comprenais tout cela vaguement, je le devinais à des paroles qu’elle laissa échapper, à ses gestes moins brefs, moins assurés, à une singulière expression d’inquiétude empreinte sur sa physionomie. Visiblement, un peu de ma fièvre l’agitait et l’aurore de cette journée décisive la rendait anxieuse autant que moi, bien que d’une autre façon.

Quand elle me vit partir avec Sinte Véronica, ma tante Josine eut comme une minute d’hésitation, puis, de révolte, et je crus qu’elle allait ou, me rappeler en me défendant de poursuivre mon chemin, ou, signifier à Véronica son intention de m’accompagner elle-même. Elle n’en fit rien ; seulement, avançant sur le pas de la porte, elle me cria, d’une voix où l’angoisse ne se dominait plus :