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ESCALADES DANS LES ALPES.

mon étonnement et mon admiration. Il m’apportait d’excellentes nouvelles. Peu de jours auparavant, le vieux Pierre était monté jusqu’au delà du Hörnli ; à son retour, il avait dit que l’ascension du Cervin paraissait possible de ce côté. Almer avait quitté Zermatt ; on ignorait où il était ; je me mis donc en quête du vieux Pierre. Lord Francis Douglas exprima un très-vif désir de tenter l’ascension du Cervin, et il fut bientôt convenu qu’il ferait partie de l’expédition.

Favre, ne pouvant retarder plus longtemps notre départ, nous prêta un de ses guides. Nous franchîmes, le mercredi matin 12 juillet, le col de Saint-Théodule ; après avoir contourné la base du glacier supérieur de Saint-Théodule, nous traversâmes le glacier de Furggen ; les tentes, les couvertures, les cordes, etc., furent déposées dans la petite chapelle du Schwarzsee[1]. Nous étions tous quatre lourdement chargés, car il avait fallu emporter tout mon bagage du Breuil ; nous avions, entre autres objets, environ 180 mètres de cordes de trois espèces différentes, savoir : 60 mètres de la corde de Manille, 65 mètres d’une corde plus grosse et plus forte, et plus de 60 mètres d’une corde plus légère et plus faible que celle de Manille, mais dont je m’étais autrefois beaucoup servi.

Arrivés à Zermatt, nous engageâmes le vieux Pierre, en l’autorisant à choisir un autre guide. En arrivant à l’hôtel du Mont-Rose, qui aperçûmes-nous tout d’abord, assis tranquillement sur le petit mur devant la porte ? Mon ancien guide chef, Michel Croz. Je m’imaginai qu’il était venu à Zermatt avec M. B. ; mais j’appris bientôt que ce gentleman, arrivé malade à Chamonix, en était reparti de suite pour l’Angleterre. Dès qu’il avait été libre, Croz avait été engagé par le Rév. Charles Hudson ; tous deux étaient arrivés à Zermatt dans le même but que nous : pour tenter l’ascension du Cervin !

Lord Francis Douglas et moi nous dînâmes au Mont-Rose ; à peine avions-nous achevé notre repas, que M. Hudson entra avec un de ses amis dans la salle à manger. Ils venaient d’exa-

  1. Voir la carte du Mont-Rose.