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CHAPITRE XX.

ment, j’examinais ma corde de Manille de 2 centimètres à 2 centimètres et j’en ai trouvé les torons presque usés en plusieurs endroits par des frottements accidentels.

Je n’ai parlé jusqu’à présent de l’emploi de la corde que sur les plateaux des glaciers couverts de neige, pour prévenir des chutes dans des crevasses cachées. On s’en sert également sur les rochers et sur les pentes, surtout dans les passages glissants, et il est aussi très-important, dans ces occasions, de la tenir tendue et de conserver entre les voyageurs une distance raisonnable. Il est beaucoup moins aisé de la tenir tendue sur les pentes que sur les plateaux ; sur les rochers d’un accès difficile, c’est même tout à fait impossible, à moins de ne jamais marcher deux en même temps.

Sur les rochers faciles à gravir, on n’a pas de motifs plausibles

Comment on doit tenir la corde sur les glaciers.


pour employer la corde ; s’en servir sans nécessité ce serait en quelque sorte provoquer la négligence. Il est au contraire très-avantageux d’être tous attachés à la corde sur les rochers d’un accès difficile ou sur les pentes de neige (souvent appelées à tort pentes de glace), pourvu que la corde soit maniée avec intelligence ; mais cette précaution est au contraire presque inutile sur les pentes de glace comme celle du col Dolent ou sur des pentes où la glace est mêlée à de petits fragments de rochers détachés, comme dans la partie supérieure de la pointe des Écrins. Dans de semblables passages, le faux pas d’une seule personne pourrait entraîner la perte de tous les membres de l’expédition[1]. Je ne soutiens pas qu’il ne faille jamais se ser-

  1. Quand plusieurs personnes descendent de tels passages, il est bien évident que celui qui ferme la marche ne doit espérer aucun aide de la corde, et n’a