larges plaques, comme la résine sur le tronc des vieux pins. Quelquefois, en voulant l’ôter, ils ont enlevé de grands lambeaux de leur peau ; alors leur cas est devenu désespéré ! En vain ont-ils appelé à leur secours canifs et ciseaux ; en vain se sont-ils efforcés le plus délicatement possible d’étendre sur leurs joues une teinte uniforme. Soins superflus ! Égarés par leur folle ambition, ils ont continué leur traitement jusqu’à ce qu’ils aient réduit leur malheureux visage à l’état de ruine complète. Regardez ces lèvres gercées, ces joues gonflées, ces yeux injectés de sang, et ce nez, ce nez tout pelé qui défie toute description !
Tels sont les plaisirs du montagnard. Les nouveaux arrivés comparent avec un mépris moqueur ces figures bizarres à la peau délicate de leur visage rosé et de leurs mains blanches ; ils ne se doutent guère qu’eux aussi seront peut-être bientôt classés parmi ceux qu’ils tournent en ridicule[1].
Je quittai cette agréable compagnie pour aller chercher mes lettres à la poste. Hélas ! elles contenaient des nouvelles désastreuses ! On me rappelait brusquement à Londres. Reilly allait arriver pour donner un nouvel assaut au Cervin ; je l’attendis pour lui dire que tous nos plans étaient bouleversés, puis, partant en toute hâte, je me rendis en, Angleterre aussi vite que me le permirent les trains express.
- ↑ J’ai saisi cette occasion pour présenter au lecteur quelques-uns des principaux amateurs de courses de montagnes à notre époque, ainsi que plusieurs des guides qui ont été ou qui seront mentionnés dans ce livre.
Pierre Perrn est placé à l’extrême droite. Vient ensuite le jeune Pierre Taugwalder (sur le banc) ; J. J. Maquignaz s’appuie contre la porte. Franz Andermatt est assis sur les marches, et, dans le fond, se dresse la haute stature d’Ulrich Lauener.