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ESCALADES DANS LES ALPES.

bien plus difficile et bien plus aiguë au moment où nous passâmes du sommet du couloir dans la brèche de l’arête. Aucune ombre délicate n’annonçait des arêtes larges et arrondies ; la terrible montagne dressait dans un ciel sans nuages ses arêtes pointues, dentelées et brûlées par le soleil.


La Pointe des Écrins.

Nous nous proposions, avons-nous dit, de suivre une des arêtes du pic terminal, mais, aussi ébréchées et aussi déchirées l’une que l’autre, elles offraient toutes deux un aspect également décourageant. Elles me rappelaient mon échec sur la Dent d’Hérens en 1863, et une certaine partie d’une arête semblable sur laquelle il était aussi difficile d’avancer que de reculer. À supposer cependant que l’une de ces arêtes fût praticable, encore nous fallait-il y arriver, car une énorme bergschrund, entourant complétement la base du pic supérieur, le séparait presque entièrement des pentes qu’il dominait. Évidemment l’ascension ne pouvait pas réussir sans de sérieux efforts, et elle exigerait tout notre temps et l’emploi de toutes nos facultés. Nous étions favorisés à bien des égards ; les nuages s’étaient dissipés, l’atmosphère était pure et parfaitement calme ; grâce à une longue série de beaux jours, la