Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

courage au point de désirer qu’Herbert fût réellement un artiste, elle dominait vite cette faiblesse en appelant à la rescousse quelque nouveau talent, quelque secours étranger qui vînt renforcer l’impression « artistique » dont il fallait que son atelier fût imprégné. C’est en cherchant ce secours qu’elle avait mis le grappin sur Westall, à la grande surprise de sa femme.

Il était implicitement admis dans le cercle des Van Sideren que toutes les audaces artistiques étaient permises, aussi bien celles d’un moraliste qui proclamait le mariage immoral que celles du peintre dont les ciels eussent été verts et les prairies violettes. Le clan des Van Sideren était las du convenu dans l’art comme dans la conduite.

Julia Westall avait depuis longtemps des idées toutes personnelles sur l’immoralité du mariage, et pouvait, à juste titre, revendiquer son mari comme disciple. Dès le début de leur union elle lui en avait secrètement voulu de ne pas se rallier à sa nouvelle foi, et l’aurait volontiers accusé de lâcheté morale pour ne s’être pas fait aux convictions dont leur mariage devait être la preuve. C’était dans tout le feu de la propagande, alors que — sentiment bien féminin ! — elle voulait faire une loi de sa