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semblait que toute sa personne, tous ses mouvements, toutes ses allusions, toutes ses paroles fussent la négation voulue de cette phase de sa vie. Si elle avait nié avoir été la femme de Haskett elle n’eût guère été plus convaincue de mensonge que par la dissimulation systématique de cette partie de son existence.

Waythorn se leva, ne voulant pas s’arrêter à cette analyse cruelle. De quel droit se représentait-il Alice sous ce jour fantastique, et la jugeait-il ensuite d’après cette image ?

Elle n’avait parlé que vaguement de son premier mariage ; elle s’était bornée à dire, et avec des réticences, que son union avait été malheureuse, que Haskett avait fauché ses jeunes illusions… Il était regrettable pour la tranquillité d’esprit de Waythorn que l’apparence inoffensive de Haskett fût venue éclairer d’un jour imprévu la nature de ces illusions. Un homme aime mieux s’imaginer que sa femme a été martyrisée par son premier mari que de croire le contraire.


IV

— Monsieur Waythorn, je n’aime pas cette gouvernante française de Lily.