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d’abord ses voisins, mais en regardant autour de lui il finit par reconnaître Varick. Cette fois, heureusement, ils étaient trop loin l’un de l’autre pour pouvoir causer, et Varick, tourné d’un autre côté, ne l’avait probablement pas vu ; mais cette proximité répétée paraissait ironique.

Varick passait pour un fin gourmet. Tandis que Waythorn ne faisait qu’une bouchée d’un repas sommaire, il regarda d’un œil d’envie cet homme qui dégustait lentement chacun des plats qui lui étaient présentés. Waythorn remarqua tout d’abord qu’il se servait délicatement un morceau de camembert crémeux et bien à point ; maintenant, il versait son « café double » d’une cafetière en terre brune à deux étages. Il le versait lentement, penchant en avant sa face rubiconde, tandis qu’il tenait le couvercle de la cafetière d’une main blanche et chargée de bagues ; puis il allongea l’autre main vers le flacon de cognac posé un peu plus loin, remplit un verre à liqueur, le porta d’abord à ses lèvres, et en versa le reste dans sa tasse.

Waythorn l’observait avec une espèce de fascination. À quoi songeait bien Varick ? Ne pensait-il qu’à savourer son café et son cognac ? Sa rencontre de la matinée n’avait-elle pas laissé