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leur voyage de noces. D’après le désir exprimé par Waythorn, l’enfant avait été installée chez lui le jour même où il épousait sa mère ; et aussitôt, le médecin leur annonçait qu’elle était atteinte de la typhoïde, une typhoïde légère, assurait-on, sans aucun symptôme inquiétant. Lily, dans toute la force de la santé et de ses douze ans, triompherait aisément d’une maladie qui promettait d’être bénigne. La garde émit le même avis, et parla sur un ton si rassurant que, le premier moment de frayeur passé, Alice Waythorn en avait pris son parti avec le plus grand sang-froid. Elle aimait tendrement Lily ; son affection pour sa fille avait été un de ses plus grands charmes aux yeux de Waythorn ; mais son système nerveux parfaitement équilibré, et dont avait hérité l’enfant, défendait à cette femme essentiellement raisonnable de perdre son temps en craintes vagues et chimériques. Aussi Waythorn s’attendait-il à la voir entrer dans le salon, un peu en retard sans doute pour avoir voulu jeter un dernier coup d’œil sur sa fille, mais aussi placide et parée que si ses lèvres se fussent posées sur un front d’enfant bien portant. Sa sérénité constante lui était un repos ; elle compensait la nervosité de sa nature, à lui, quelque peu impressionnable ; et tandis qu’il se la représentait penchée sur le lit