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messager à l’ermite pour lui faire savoir que, le lendemain, dès le point du jour, citadins et habitants de la vallée viendraient, conduits par leur évêque porteur de la bénédiction pontificale pour les deux solitaires, et qu’il se proposait de célébrer la messe de l’Assomption dans la caverne au flanc de la falaise. À cette nouvelle, l’ermite ne se connut plus d’allégresse, car il vit là un signe d’en haut, témoignant que ses prières avaient été écoutées, et qu’il avait conquis le salut pour la femme sauvage aussi bien que pour lui. Et toute la nuit il pria, afin que le lendemain elle confessât sa faute et pût recevoir en même temps que lui le très saint sacrement.

Avant l’aube, il récita les psaumes du propre nocturne, puis, ceignant son froc et chaussant ses sandales, il partit à la rencontre de l’évêque.

Comme il descendait, le jour se levait sur les monts, et il lui parut n’avoir jamais contemplé aurore si belle. Les profondeurs du ciel en étaient remplies de clarté, et cette clarté pénétrait jusqu’aux replis boisés de la vallée, de même que la grâce avait pénétré les replis les plus obscurs de son âme. La brise matinale était tombée, il n’entendait que le bruit de ses propres pas, et le murmure du ruisseau, dont le courant, bien qu’atténué, coulait encore parmi