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ne savait que dire, il reprit encore : « Si deux pécheurs se rencontrent, ils ne sauraient mieux louer le Seigneur qu’en allant chacun son chemin en silence. » Après avoir prononcé ces paroles, il ferma la bouche et demeura immobile tandis que le jeune garçon chassait les mouches de ses orbites. Mais le cœur de l’ermite défaillit, car, pour la première fois il sentit la fatigue du chemin parcouru, et la grande distance qui le séparait de chez lui.

Il avait eu l’intention de consulter le saint au sujet de ses laudes et de savoir s’il était à propos de les détruire. Mais maintenant il ne trouvait plus le courage de rien dire, et tournant les talons, il commença à descendre la montagne.

Soudain il entendit courir après lui, le jeune garçon le rejoignait et lui mit dans la main un rayon de miel : « Tu es venu de loin et dois avoir faim », dit-il, et avant que l’ermite ait pu le remercier, il était retourné à sa tâche.

L’ermite descendit la montagne jusqu’à la forêt où il avait dormi précédemment, et y refit sa couche, mais il n’eut nulle envie de manger avant de s’endormir, car son cœur avait faim plus que son corps, et ses larmes rendaient amer le rayon de miel.