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bénie de sa vie nouvelle, ses pensées s’attachaient de plus en plus au charme de la sainteté. Son désir fut de devenir parfaitement bon et de vivre dans l’amour et la charité envers le prochain. Le plus sûr moyen de demeurer dans ces sentiments à son égard, ne serait-il pas de s’en tenir constamment éloigné ?

Tout d’abord, la vie lui fut rude, car en hiver, il éprouva de grandes difficultés à pourvoir à sa nourriture. Il y avait des nuits où le ciel était pareil à une voûte de fer ; un vent rauque secouait le bois de chênes dans la vallée, et une terreur gagnait le solitaire, pire que le pire des froids. Mais le temps vint où ses concitoyens et les paysans des vallées voisines connurent qu’il s’était retiré dans la solitude pour y mener une vie de dévotion, et de ce jour, ses peines prirent fin. Car des personnes pieuses lui apportèrent en présent de l’huile et des fruits secs ; une bonne femme lui offrit des semences de son jardin ; une autre lui tissa une robe de bure ; d’autres encore l’eussent muni de toutes sortes de provisions et de hardes, s’il n’eût tout refusé, sauf l’indispensable. La femme des mains de laquelle il avait reçu les graines lui apprit à se faire un petit jardin sur le bord méridional de l’escarpement. Durant tout un été l’ermite transporta de la terre prise