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était allé en augmentant. Andréa prétendit qu’au début sa femme et lui avaient refusé d’écouter ces récits. Puis, lorsque les bruits eurent pris trop de consistance, ils avaient envoyé chercher Welkenstern, lui avaient adressé des remontrances et l’avaient, mais en vain, supplié de changer de régiment. Le jeune officier avait nié avec indignation et déclaré que quitter son poste à un tel moment équivaudrait à une désertion.

Roberto continua à détailler avec une pénible exactitude chaque incident de ce triste récit jusqu’à ce qu’il s’écriât :

— Et dire qu’il faut la quitter sans pouvoir étouffer ce mensonge !

Ce cri me soulagea d’un poids immense.

— Il ne faut pas la quitter ! m’écriai-je.

Il secoua la tête.

— Je suis engagé.

— Ceci est votre premier devoir, repris-je.

— Ce serait le devoir de tout autre homme, mais ce ne peut être celui d’un Italien !

Je me tus : à cette époque-là, l’argument était sans réplique.

Enfin je lui dis :

— Il ne peut arriver aucun mal à la comtesse pendant votre absence. Donna Marianna et moi, nous veillerons sur elle. Et quand vous reviendrez…