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mal plié, il y a bien longtemps que je ne suis entré dans une casa signorile. »

Le souvenir que j’avais gardé de son pauvre appartement — il logeait avec le docteur et la sage-femme — enlevait à ce compliment toute teinte d’ironie, et je gardai le silence tandis qu’il s’effondrait avec volupté dans mon fauteuil.

« C’est bien, répéta-t-il en regardant autour de lui : des livres, des porcelaines, des bibelots. Je me réjouis de voir qu’il existe encore de tels objets ! » Et il jeta un coup d’œil satisfait sur le verre de Marsala que je lui avais versé.

Don Egidio était l’homme le plus tempérant du monde et ne buvait jamais plus d’un verre de vin, mais il aimait à savourer lentement mes cigares de la Havane. Sous l’influence de mon tabac, il devint encore plus aimablement bavard, et je me figurai parfois que de tous les devoirs imposés par son ministère, aucun ne devait lui être plus pénible que le secret de la confession. Il parlait souvent de sa jeunesse dans la villa du comte, où il avait été élevé avec les deux fils de son protecteur, et je voyais bien que les années passées dans l’intimité de ses bienfaiteurs étaient encore le souvenir le plus vivant de son existence. L’amour pour la beauté de son pays natal, qui existe à l’état latent chez