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encore fraîches, tous les raffinements d’une vie luxueuse. Quelles qu’aient pu être les privations auxquelles son apostolat l’avait condamné depuis, on sentait trop, dans sa conversation, l’influence de cette vie antérieure pour ne pas voir qu’elle avait fait une profonde impression sur ses goûts ; et, malgré sa simplicité évangélique, il était le type de l’aumônier qui a son couvert mis à la table du châtelain.

Il se trouvait que j’avais profité d’un de mes congés en Europe pour explorer les vallées romantiques reliant la Valteline au lac Iseo, et le souvenir que j’en gardais était tel qu’il me parut impossible que Don Egidio pût, sans un serrement de cœur, s’habituer aux rues boueuses de la Marine. Le contraste était trop complet entre ces paysages du Titien et les bicoques de briques qui bordaient les trottoirs malpropres de la Marine.

Cette impression s’accentua encore lorsque Don Egidio me fit sa première visite. Il vint un soir d’hiver, au moment où un bon feu éclairait joyeusement mes rayons de bibliothèque, mes vieilles gravures et les quelques potiches chinoises achetées sur mes modestes économies.

« Ah ! dit-il avec un soupir de bien-être, en déposant son chapeau luisant et son parapluie