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ceux qui tentaient l’assaut de la société parisienne. Tout en elle décelait une éducation soignée, une facilité mondaine très grande, la fréquentation habituelle d’un milieu raffiné. Cependant, il eut bientôt deviné qu’elle vivait, comme lui, aux dépens de gens qu’elle méprisait.

Lorsqu’ils lièrent connaissance, miss Lambart était la compagne de voyage d’une veuve milliardaire de Chicago, qui rêvait un « beau mariage ». Au premier mot, Le Fanois et miss Lambart s’entendirent pour lancer la dame et lui chercher un époux à la hauteur de ses exigences. Mais il faut croire que la veuve fut aussi peu reconnaissante que le patron de Le Fanois, car, le mariage accompli, elle lâcha miss Lambart, qui dut se mettre à la recherche d’une autre bienfaitrice. Elle ne tarda pas à en trouver une, et de nouveau elle demanda secours à Le Fanois pour lancer sa protégée.

Ce pacte tacite durait depuis trois ou quatre ans. Le Fanois ignorait toujours quelle triste nécessité avait poussé la jeune fille à mener une telle existence. Était-ce le goût du luxe, ou le besoin d’agitation continuelle qui anime si souvent ses compatriotes ? Sortait-elle d’une de ces petites villes américaines dont on lui avait décrit l’ambiance triste et monotone, où les