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dois. Il faut que quelqu’un vous empêche d’épouser une femme désenchantée, et qui a… Mais vous dites que les années ne comptent pas. Pourquoi compteraient-elles, après tout, puisque vous ne devez pas m’épouser ?…

« C’est là ce que je n’ose pas retourner vous dire : « Vous ne devez pas m’épouser. » Nous avons eu notre mois ensemble à Venise (quel bon mois, n’est-il pas vrai ?), et maintenant vous allez rentrer chez vous et écrire un livre, n’importe lequel, sauf celui dont nous n’avons pas parlé ! Et moi je resterai ici condamnée à l’attitude de mes souvenirs, comme une espèce de Tithon femelle ! Ah ! quelle monotonie dans cette immortalité obligatoire !

« Mais vous saurez du moins la vérité. Je vous aime assez, vous, ou, sinon vous, votre amour, pour vous la devoir, cette vérité.

« Vous avez cru que c’était parce que Vincent Rendle m’avait aimée qu’il y avait si peu d’espoir pour vous. J’avais eu tout ce que je pouvais désirer, jusqu’à la satiété, disiez-vous, n’est-ce pas ? C’est précisément quand un homme commence à s’imaginer qu’il comprend une femme, qu’il ne la comprend pas. C’est au contraire parce que Vincent Rendle ne m’a pas aimée, qu’il n’y a pas d’espoir pour vous. Je n’ai pas eu ce que je désirais, et jamais, jamais, je ne