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Sans compter le reste, à l’hôtel Bellosguardo, comme disait la vieille miss Pinsent, on avait « un certain ton ». C’est à lady Susan Condit qu’on devait cet inestimable bienfait : dans l’opinion de miss Pinsent il venait même avant les terrains de tennis et le chapelain attaché à l’établissement. La visite annuelle de lady Susan faisait de l’hôtel ce qu’il était. Miss Pinsent aurait été la dernière personne à déprécier un tel privilège :

— C’est si important, ma chère, disait-elle à Lydia, qu’il y ait quelqu’un pour donner le ton à la petite famille que nous formons ici. Et personne n’est plus à même de le donner que lady Susan, fille d’un grand seigneur, et douée d’un caractère si résolu ! Tenez, la chère Mrs Ainger, qui devrait remplir ce rôle en l’absence de lady Susan, refuse absolument de se déclarer. (Miss Pinsent eut un reniflement de dérision.) C’est la nièce d’un évêque, ma chère : eh bien ! je l’ai vue, de mes yeux vue, céder sa place à table à je ne sais quels Américains du Sud, pour leur faire plaisir, et devant nous tous… Un tel manque de dignité ! Lady Susan lui a dit son fait, du reste.