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tion, il avait exclu du monde ce dont il ne sentait pas personnellement le besoin. Il était devenu pour ainsi dire une atmosphère dans laquelle ne survivaient que ses propres exigences. Ceci aurait pu impliquer un égoïsme voulu, mais il n’y avait rien de tel chez Arment, être aussi instinctif qu’un animal ou un enfant, et cette inconscience presque enfantine empêchait qu’on ne se fît toujours sur lui une opinion juste. N’était-il pas tout simplement retardé dans son développement intellectuel ? Il avait, en tout cas, cette finesse inattendue qui fait dire d’un homme un peu court que ce n’est pourtant pas un imbécile, et c’était précisément cette qualité qui portait le plus sur les nerfs de sa femme.

Même pour le naturaliste, il est ennuyeux de voir ses déductions troublées par quelque déviation de forme ou de fonction ; combien plus pour la femme dont l’opinion qu’elle a d’elle-même est si inévitablement liée au jugement qu’elle porte sur son mari !

La finesse d’Arment n’impliquait en effet aucune faculté intellectuelle latente, mais plutôt des virtualités de sentir, de souffrir même, d’une manière aveugle et rudimentaire, auxquelles Julia préférait ne pas songer.

Elle était absolument pénétrée des raisons qui lui faisaient abandonner son mari, et pas