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les pirates de la mer


Il replaça ses pieds sur le manteau de la cheminée pendant un silence impressionnant.

— Enrichir l’univers… plutôt ! quelques-uns des oiseaux que j’ai fabriqués étaient des espèces nouvelles de colibris et de fort jolies, petites choses, mais quelques-uns étaient simplement fantaisistes. Le plus drôle de ceux-là fut, je crois : l’Anomatopteryx-Jejuna… Jejunus-Jejuna-Jejunum — vide — ainsi appelé parce qu’il n’y avait réellement rien dedans. Un oiseau absolument vide, à part la bourre. C’est le vieux Jawers qui le possède maintenant et je suppose qu’il en est presque aussi fier que moi. C’est un chef-d’œuvre, Bellows ! Il a toute la niaise gaucherie du pélican, tout le solennel manque de dignité du perroquet, la dégaine maigre et dégingandée du flamant, avec tout l’extravagant conflit chromatique du canard mandarin. Un oiseau pareil ! Je l’ai fabriqué avec des fragments de squelettes provenant d’une cigogne et d’un toucan, et un lot de plumes acheté d’occasion. Ce genre de taxidermie, Bellows, est pour le véritable artiste une joie sans mélange.

« Comment j’en vins à le faire ? C’est assez simple, comme toutes les grandes inventions. L’un de ces jeunes génies qui rédige pour les journaux des notes scientifiques, mit la main sur une brochure allemande concernant les oiseaux de la Nouvelle-Zélande et la traduisit au moyen d’un dictionnaire