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les pirates de la mer

jusqu’à je ne sais quelle limite », avait prophétisé le grand mathématicien.

Au-dessus des têtes, pour confirmer ses paroles, solitaire, froide et livide, étincelait l’étoile de la destruction prochaine.

À beaucoup de ceux qui, jusqu’à ce que leurs yeux leur fissent mal, la fixèrent cette nuit-là, il sembla qu’elle approchait visiblement. Et cette nuit-là aussi, le temps changea ; le froid qui avait saisi toute l’Europe centrale, la France et l’Angleterre, s’adoucit vers le dégel.

Mais il ne faut pas s’imaginer, parce qu’il a été parlé de gens priant toute la nuit, se réfugiant sur les vaisseaux ou s’enfuyant vers les montagnes, que le monde entier fût déjà plongé dans la terreur à cause de l’étoile. De fait, l’usage et la coutume dirigeaient encore le monde, et en dehors des conversations, à des moments de loisir, sur la splendeur de la nuit, neuf personnes sur dix s’affairaient encore aux occupations habituelles. Dans toutes les cités ; les boutiques, à part quelqu’une ici et là, ouvraient et fermaient à leurs heures ordinaires ; les médecins et les pompes funèbres poursuivaient leur commerce, les ouvriers allaient aux usines, les soldats faisaient l’exercice, les savants étudiaient, les amants se rencontraient, les voleurs faisaient le guet et s’enfuyaient, les politiciens préparaient leurs projets. Les presses des