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ture, c’est le signe qu’on existe définitivement et c’est la marque de ce qu’on est. En attendant que le roman comique moderne ait trouvé ses romanciers et ses poètes, il a déjà ses historiographes, ses mémorialistes, ses chroniqueurs et ses statisticiens. M. Sarcey, toujours en éveil et à l’affût, s’est fait le premier l’historien de la Thalie, de nouveau errante, mais qui a quitté la charrette grossière de Thespis pour le sleeping-car. Personne n’a oublié que M. Sarcey a tenu à accompagner deux fois la Comédie-Française à Londres, avec quel soin il a peint les émotions des sociétaires et décrit leurs triomphes. Tout le monde se rappelle sa fraîcheur d’impressions à lui-même, ses charmantes surprises et ses ravissements de villageois de Paris en voyage, quand il a découvert la ville nommée Londres, que c’était bien une ville, qu’elle possédait des critiques tout comme la rue de Douai, que ces critiques avaient beaucoup d’esprit, ma foi, et du jugement, qu’il y avait aussi un public qui comprenait la pièce et l’immense aôh ! du beau monde londonien, étonné à son tour et scandalisé des étonnements de l’illustre écrivain français, et de quelle manière, enfin, la spirituelle Albion se vengea du Frenchman par le fameux article : Sarcey chez les sauvages, inséré au Saturday Review. Nous avons eu, un peu plus tard, l’odyssée de madame Sarah Bernhardt, le long de l’Hudson,