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alors un énorme succès. Quelque temps auparavant, Proudhon avait dû mettre le Peuple en commandite. Il dit tristement à Claudin : « Mon journal va maintenant gagner de l’argent… Des capitalistes l’ont accaparé… » Et, prenant le bras de Claudin, il ajoute : « Souvenez-vous que tout journal qui vaut cent francs est perdu pour son parti !… » Tout le sauvage et honnête Proudhon, tout le grand prosateur qu’il était, respire dans ce mot. Une autre fois, en 1869, M. Claudin, qui songeait alors à écrire la vie de Napoléon III, si romanesque et qui a tant de quoi tenter un artiste en narration et en analyse psychique, va trouver le souverain aux Tuileries pour lui demander où résident, en outre de la personne de l’empereur, les sources vivantes de renseignement. L’empereur l’entretient longuement, l’encourage dans son dessein et le congédie sur ces mots : « Surtout ne demandez rien à mes ministres ; ils ne me connaissent pas… Voyez plutôt Gricourt… Je parlerai à Persigny… Si le général Fleury était ici, vous pourriez le consulter… Il m’aime, celui-là, et il me connaît bien… » Ce sont là des lueurs pour l’historien.

Ainsi les perles frôlent les pierres fausses dans la vitrine de choses modernes que nous expose M. Gustave Claudin. Heureux M. Claudin d’avoir