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même bandé les yeux ; puis, il a saisi la main de M. Garnier dans la sienne ; puis, enfin, il a recommandé à M. Garnier de bien tenir sa pensée fixée sur l’épingle, et il est parti, ou plutôt il s’est lancé au dehors suivi de l’assistance. M. Garnier et lui marchaient d’un pas si rapide que nous avions peine à les suivre. Arrivé à la grille de la terrasse des Feuillants, M. Cumberland a tourné à droite sans aucune hésitation sensible. Il a marché vers un certain arbre, sans plus d’hésitation ; et, toujours sans hésitation, il a mis la main sur un point précis de cet arbre, où l’épingle avait été en effet cachée sous l’écorce. J’ai observé, en plaisantant, que les voleurs de Paris étaient déshonorés, de n’avoir pas eu l’esprit, pendant vingt minutes qu’ils ont eues à eux, de découvrir et de dérober une épingle deux fois précieuse. Quelqu’un m’a dit alors et assuré que, entre le moment où M. Garnier était sorti des Tuileries et où M. Cumberland y avait reparu, un garçon de l’hôtel Continental était resté de planton auprès de l’arbre.


Quel âge peut bien avoir M. Gustave Claudin, l’homme le plus en mouvement qu’il y ait dans la presse parisienne ? On tremble de poser la question, puisqu’il faut conclure des Souvenirs de M. Claudin que, en 1840 déjà, il florissait, que, déjà en 1840, les hommes illustres se l’arrachaient. Le fait est que