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Vers la retraite en vain la raison nous appelle ;
En vain notre dépit quelquefois y consent ;
En vain La croix a sur notre zèle
En vain Un ascendant trop puissant ;
Et la moindre faveur d’un coup d’œil caressant
Et la moNous rengage de plus belle.

Il y a à présent, trente-cinq ans que M. Delaunay occupe la scène. Il n’y a compté que des succès. La reprise des Effrontés a été l’un de ses plus éclatants triomphes. Malgré ses cinquante cinq ans bien sonnés, jamais il n’a trouvé autant qu’aujourd’hui le chemin de plaire au public. Jamais il n’a été aussi applaudi. C’était une inspiration de sagesse bien rare de disparaître volontairement, en pleine possession de tous ses moyens, dans une conjoncture où il n’eût laissé de lui que les souvenirs les plus charmants. Qui l’arrêtait ? Rien ne l’oblige à une vieillesse laborieuse ; il possède la modeste fortune qu’il faut pour assurer la tranquillité de sa fin de vie. Les reporters nous ont décrit sa jolie maison blanche, au soleil, entre cour et jardin, dans une rue discrète de Versailles. Il aime les bois, les vallons et les collines qui couronnent les adorables replis de la Seine. Il a le jarret robuste pour les parcourir ; le poumon vigoureux pour en aspirer l’air, les parfums et les brumes ; le cerveau frais pour en percevoir les saines sensations. Ses années de retraite,