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du groupe, il ne l’a pas engendré et il ne le dépasse pas.

Et maintenant, le droit des tiers, comme on dit en style juridique, étant réservé, puisque l’apothéose s’accomplit, ne récriminons pas contre elle, bien qu’elle soit poussée si loin qu’avec la meilleure volonté du monde on n’y pourrait rien ajouter de plus. Pour Victor Hugo spécialement, on a détourné de sa destination l’Arc de Triomphe consacré à la gloire des armes ; par où l’Allemand a passé, dans un jour funeste, c’est Hugo, le premier, qui passera de nouveau ; une armée française qui ressaisirait la victoire sur les champs de bataille européens n’aurait plus désormais intact pour elle-même l’honneur d’une telle pompe. Spécialement pour Victor Hugo, on efface de nos rues le nom du village d’Eylau où quinze mille braves gens nous achetèrent de leur sang la paix de Tilsitt. Spécialement pour Victor Hugo, on dépossède de son temple la fille inspirée de Nanterre qui figurait à une multitude d’âmes françaises, pures et naïves, le symbole religieux de la patrie. Spécialement pour Hugo et pour ses funérailles, l’Académie a fait capituler ses statuts. Qu’est-ce que ce cadavre qui ébranle tant de choses !

Voici une vision de l’histoire. Transportons-nous de trente ans en arrière. Nous sommes sur cette