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M. Leveaux. Il est en France un fonds permanent de hauts fonctionnaires, d’illustrations et de notoriétés, dont tout gouvernement comme il faut est tenu de s’entourer. C’est, bien entendu, les intéressés eux-mêmes, qui ont enfoncé cette opinion dans l’esprit du public. À peine juché sur les débris du gouvernement qui vient d’être fracassé, le gouvernement nouveau les attire à lui. Plus qu’aucun autre, un gouvernement révolutionnaire reçoit leurs avances avec faveur, étant plus qu’aucun autre désireux de prouver qu’on n’est pas des pleutres. Ainsi, c’est le même personnel qu’on retrouve selon les moments successifs aux Tuileries, à Compiègne, à l’Hôtel de Ville, au palais de l’Élysée, à Chantilly. Les divers régimes se transmettent l’un à l’autre ce qu’on peut appeler la liste des invités ne varietur, comme ils se transmettent les mœurs administratives pernicieuses, les systèmes d’organisation, les vices acquis.

C’est un de ces phénomènes qui permettent de toucher du doigt l’inutilité des révolutions et des restaurations, on pourrait presque dire, à certain point de vue, leur innocuité. Ça change si peu les habitudes, une révolution ! Ça dérange si peu de chose, une restauration ! Ça déplace si peu de gens !

Dans l’État qui tombe en déliquescence on invoque