Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

dévots. Avant les Notes, les apologistes s’attaquaient à l’étroitesse d’esprit et au zèle persécuteur des gens d’Église, qui osaient trouver à redire au Tartuffe, une œuvre si respectueuse pour la religion ! C’était le point de vue des libéraux à l’époque de la Restauration, quand Taschereau publiait son Histoire de la vie de Molière et soutenait avec la plus plaisante conviction que Molière était meilleur chrétien que Bossuet. Aujourd’hui ceux qui, dans le débat entre les dévots et Molière, prennent parti sans aucune réserve pour l’auteur du Tartuffe, c’est qu’ils veulent prendre parti contre l’Église elle-même, si ce n’est contre la religion. Telle eût été la disposition où se fût trouvé Despois pour écrire la notice du Tartuffe de la collection Régnier, s’il n’était mort avant d’arriver au Tartuffe ; ce qu’il a laissé de notes posthumes à ce sujet suffit pour révéler sa manière de voir. Telle est également la disposition d’esprit dans laquelle M. Coquelin a écrit récemment son commentaire de Tartuffe. Il y développe le même point de vue que Bazin, en l’exagérant avec une certaine satisfaction et en ayant peut-être trop l’air de croire qu’il s’en est avisé le premier.

Dès le Sganarelle, c’est-à-dire dès sa seconde pièce composée à Paris (1661), Molière donne son premier coup d’estoc. Il touche d’une façon qui n’est guère ménagée au Guide des pécheurs du dominicain espa-