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composition romantique, la plus vaste et la plus diverse qu’il y ait dans notre théâtre. Et ce même Don Juan contient en germe, avec beaucoup d’autres choses, la comédie villageoise. Pour les scénarios de ballet, Molière en a dessiné un grand nombre ; il a deviné le genre de féeries que nous pratiquons aujourd’hui ; il est allé plus avant dans l’opérette que les auteurs d’Orphée, de la Belle Hélène, de la Vie parisienne et de la Grande Duchesse.

Tout cela apparaît bien clairement dans le Bourgeois gentilhomme, reconstitué par M. Perrin. Molière avait intitulé le Bourgeois gentilhomme : comédie-ballet. Plusieurs autres ouvrage de Molière portent le même titre. Deux de ses comédies les plus fortes, notamment, M. de Pourceaugnac et le Malade imaginaire, ont été conçues sous forme de comédies-ballets. Je ne pense pas, à la vérité, que Molière tînt beaucoup à la partie de ballet ; il prenait soin, en effet, de composer ses pièces mixtes de telle manière que le chant et le ballet pussent être au besoin détachés de la comédie sans que celle-ci, en tant que comédie, parût mutilée et tombée en fadeur. Comme il lui est arrivé de faire représenter la même comédie à la cour avec le ballet et à la ville sans le ballet, on peut supposer que le désir de satisfaire au goût du roi plus que son inspiration