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Pensez-y, belle marquise ;
Quoiqu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise
Quand il est fait comme moi.


Henriette a donc dû agir sans embûches et de bonne foi ; elle ne faisait, d’ailleurs, nullement un calcul déraisonnable, si Corneille eût été plus jeune de dix années, en imaginant que, sur ce sujet d’un tendre amour qui se sacrifie, l’auteur de Polyeucte, parlant autrement que Racine, parlerait aussi bien. Même on eût presque craint pour Racine, à un moment où l’on ne connaissait encore de lui d’autres créations amoureuses qu’Hermione et Julie, le tournoi où il s’engageait avec le poète qui avait prêté à l’amour de Pauline un accent de noblesse pathétique :

Oui, je l’aime, Sévère, et n’en fais point d’excuse.


Mais l’énorme différence des âges était là. L’engourdissement de la vieillesse était venu pour Corneille. Le combat qui allait se livrer sur le terrain de la poésie, c’était le combat d’Arnolphe et d’Horace. Arnolphe fut écrasé.

Il n’est pas une maladresse à laquelle Corneille ait manqué dans Tite et Bérénice. En premier lieu, il ne découvre pas la tragédie dans le mot de Suétone : Invitus invitam dimisit ; il n’y voit que la tragi-comédie ; il en donne le titre à sa pièce ; il en