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donne à le supposer, la lecture favorite des bleues. On a des détails sur la mort en 1792 de la dernière dame survivante de Saint-Louis qui avait atteint l’âge de soixante et onze ans. M. Lavallée rapporte que, dans le délire de ses derniers moments, elle chantait les chœurs de la pièce qui avait été l’orgueil du couvent. Son être, prêt à se dissoudre, se fixait encore en ce souvenir ; son imagination, rendue à la liberté ou au joug du mécanisme réflexe, n’avait plus gardé que l’image et les sons d’Esther. On mesure par là la persistance de l’impression de l’œuvre et on soupçonne le genre de ravages qu’elle avait çà et là produits. Décidément, il était trop joli pour un pensionnat de demoiselles, le roman d’Esther, la modeste petite fille, bien sage avec ses vieux parents, bien dévote à Dieu, que Dieu, pour la récompenser de sa perfection morale, mène lui-même, et comme par la main, jusque sur le trône d’Asie.