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Camille du Locle et dont nous connaissons tous les Deux Voleurs et le Postillon de Lonjumeau, faisait quelquefois des voyages à Paris. Comme il était de bonne noblesse, fils d’un père à son aise et pourvu d’excellentes références, il avait réussi, pendant ses courts passages à travers la grand’ville, à se faufiler dans un endroit fascinateur, le « Café du Roi », situé en face de la Comédie, à l’angle de la rue Richelieu et du Faubourg-Saint-Honoré. Là, malgré son jeune âge, il était devenu le familier de gens extrêmement importants : Théaulon, Rochefort, Ferdinand Langlé, Merle, Romieu, Jouy, tous vaudevillistes, Jouy excepté, qui composait plutôt des tragédies en cinq actes et en vers. Quand Leuven reparaissait à Villers-Cotterets, il enflammait les dix-huit ans de Dumas de ses récits ; il lui peignait les prestiges du « Café du Roi », la belle existence des vaudevillistes et dramaturges du boulevard, qui gagnaient tant qu’ils voulaient, cinq, dix, quinze et vingt francs de droits d’auteur, par soirée. Quel joli métier, et si facile ! Car un vaudeville, voire un mélodrame, ça se tournait en trois déjeuners chez Philippe ou au « Cadran bleu ». Lui et Dumas se mirent donc à fabriquer un vaudeville à Villers-Cotterets même. La chose s’appelait le Major de Strasbourg. On y voyait un major en demi-solde, devenu laboureur, qui poussait la charrue tout en lisant. Il y