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nons de nommer, aimables ou distingués à divers degrés, et de diverses façons, Parny, l’un des poètes le plus absolument poète de la littérature européenne, Parny, ce délice, dont il s’était imbibé sans plus ni moins de choix que des autres. Peut-être avait-il lu Parny trop jeune ; ce serait une raison de lui pardonner son blasphème. Ce qui, vers la vingtième année, était parvenu jusqu’à lui de plus animé d’une inspiration moderne, c’était le Louis IX d’Ancelot et les Vêpres siciliennes de Casimir Delavigne. Il ne connaissait rien alors de Gœthe, de Schiller, de Calderon, de Shakespeare, de Walter Scott. Il avait seulement lu Jacopo Ortis d’Ugo Foscalo, transposition italienne de Werther. Un jour, cependant, il ressentit une commotion jusque-là inconnue. Un officier de hussards, qui avait fait la guerre en Allemagne, et qui s’était retiré et marié à Villers-Cotterets, s’avisa de lui traduire de vive-voix la Lénore de Bürger. Que cela était loin des vers de Demoustiers ! Ce jour-là, le souffle était descendu sur lui. Va, jeune homme, tu seras poète, et tu nous conteras aussi tes ballades ! En attendant, c’était le vaudeville qui l’appelait, l’enveloppait et l’entraînait.

Un de ses camarades de Villers-Cotterets, plus âgé que lui de deux ans, Adolphe de Leuven que nous avons tous connu directeur de l’Opéra-Comique avec