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qui ont amené les choses au point qu’on leur a bel et bien coupé la tête. Ils n’avaient qu’à se tenir tranquilles et à ne pas déblatérer contre le gouvernement. Ils en ont tant fait, là, qu’ils se sont coupé la tête avec leur propre hache. Voilà la philosophie de l’histoire du cocher flamand.

La ville est arrivée au beau moment d’une ville, après lequel il n’y a plus pour elle qu’à se gâter, même en s’étendant et en s’embellissant. Elle n’est ni trop grande ni trop petite ; ni trop magnifique ni trop modeste ; ni trop vieille ni trop neuve ; ni trop percée ni trop tortueuse. C’est l’air de magnificence qui domine. Toute proportion gardée, le boulevard Anspach vaut bien l’avenue de l’Opéra. Il est plus superbe en édifices d’art. Les hauts quartiers autour du parc, où règne la ligne droite, ont l’élégance heureuse et sans frou-frou. La vieille ville en bas est animée, grouillante, variée en circuits. À mi-côte, Sainte-Gudule, masse romantique, dégagée au milieu de maisons modernes, forme la transition et le lien entre le Bruxelles neuf, où s’élèvent les palais du gouvernement monarchique et constitutionnel, et l’ancien Bruxelles, débris d’une république du moyen âge, ramassé autour de la Grand’Place. Cette Grand’Place, avec son hôtel de ville et les maisons des corporations, reste en Europe le spécimen le plus riche et le plus savoureux du