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la feuille des pensions et encouragements littéraires, membre et meneur, en plus d’une occasion, de l’Académie française, devint tout naturellement le chef de chœur des Modernes contre les Anciens. Il ranima la querelle, en l’aigrissant un peu, par son poème le Siècle de Louis le Grand (1687). Il la soutint vigoureusement par ses Parallèles des Anciens et des Modernes (1688-1698).

Cette querelle des Anciens et des Modernes n’a pas été du tout oiseuse, comme le donne trop souvent à entendre son historien H. Rigaud. Elle a exercé une influence sensible et heureuse sur la formation et le développement du génie français. Qui avait tort ? Qui avait raison ? Les Anciens ou les Modernes ? Les Modernes et les Anciens.

Les Anciens : Boileau, Racine, La Bruyère, La Fontaine, etc., apportaient dans la dispute un argument qui mettait en pièces tous ceux de l’adversaire : c’était leurs ouvrages. Les Modernes, sur le premier moment, parurent vaincus. Mais bientôt le xviiie siècle tout entier, Marivaux, avec son réduit enchanté ; Favart, avec son village où parle le naturel ; Gresset, avec les délices de son couvent de Nevers ; Beaumarchais, avec son éblouissant paseo de Séville ; Jean-Jacques, avec les Confessions ; Voltaire, avec ses notes sur le Siècle de Louis XIV, son Essai sur les Mœurs, ses Contes et Romans ;