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chambre, tout est fini entre nous, nous sommes brouillés pour la vie. » De toute la journée, pas une parole ne fut échangée entre nous, je me sentais coupable; je n'osais pas regarder mon frère, et j'étais incapable de m'occuper à quoi que ce fût. Volo- dia, au contraire, apprit très bien ses leçons, et, après le dîner, selon son habitude, babilla et rit comme si rien ne s'était passé. Après les classes, quand notre professeur fut parti, je redou- tai de rester seul en tête à tête avec mon frère. j'avais honte. Je pris donc mes cahiers et me dirigeai vers la porte. En passant devant Volodia, bien que j'eusse le désir de faire la paix, je boudai et je fis la moue. Au même instant mon frère leva la tête et me regarda. «  Cher Nicolas, me dit-il, c'est assez de se quereller si je t'ai offensé, pardonne-moi. » Et il me tendit la main. Une sorte d'étau me serrait la poitrine, me coupait la respi- ration et, montant toujours, m'étreignait la gorge; cette sensa- tion ne dura qu'une seconde; les larmes me montèrent aux yeux, et je me sentis soulagé. «  Pardonne-moi, Volodia! » dis-je en lui serrant la main.. TOLSTOÏ, Enfance et Adolescence Traduction Michel Delines (Hetzel, édit.) . L'Union dans la famille Une MÈRE donna À SA FILLE une grappe de raisin la jeune fille, après l'avoir prise, songea que cette grappe ferait plaisir à son frère et la lui porta. Le frère la prit et dit « Mon père qui travaille là-bas doit être fatigué portons-lui cette grappe rafraîchissante. » Le père prit la grappe à son tour; puis, apercevant sa femme non loin de là, il s'empressa de venir près d'elle pour la lui offrir. C'est ainsi que la grappe de raisin revint dans les mains qui l'avaient donnée; et la mère remercia le ciel de l'union qui ré-. gnait entre tous les membres de la famille. GUYAU, Première année de lecture courante (A. Colin, édit.) .