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chair d’un animal ne recule pour fuir la mort qui va le prendre. Car « quiconque fait des choses médiocres hait la lumière ».

Ainsi commence une séparation entre le bon grain et l’ivraie.

Le Christ a dit : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » Et saint Paul : « La parole de Dieu est vivante et agissante et tranchante par-dessus tout glaive à double tranchant, et pénètre jusqu’à la séparation de l’âme et de l’esprit, de l’ossature et de la moelle, et discrimine les sentiments et les pensées du cœur. »

La communion est alors un passage à travers le feu, qui brûle et détruit une parcelle des impuretés de l’âme. La communion suivante en détruit encore une parcelle. La quantité du mal contenu dans une âme humaine est finie ; ce feu divin est inépuisable. Ainsi au bout de ce mécanisme, malgré les pires défaillances, à moins qu’il n’y ait trahison et refus délibéré du bien, ou que la mort ne survienne accidentellement avant la fin, le passage dans l’état de perfection est infaillible.

Plus est réel le désir de Dieu et par suite le contact avec Dieu à travers le sacrement, plus est violent le soulèvement de la partie médiocre de l’âme ; soulèvement comparable à la rétraction d’une chair vivante qu’on serait sur le point de mettre dans du feu. Il a selon les cas principalement couleur de répulsion, ou de haine, ou de peur.

Quand l’âme est dans un état où l’approche du sacrement est plus pénible que la marche vers la mort,