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prononcés par Prométhée[1] de la fin du livre de Job[2], on voit dans les deux textes la même liaison mystérieuse entre l’extrême douleur physique, accompagnée d’une extrême détresse de l’âme, et la révélation complète de la beauté du monde.

Vers du poète comique pythagoricien du vie siècle Épicharme, sur le thème de la « folie d’amour » (à rapprocher d’un vers du Prométhée d’Eschyle, dit par Océan, et de la réponse de Prométhée[3]).


οὐ φιλάνθρωπος τύ γ᾿ἔσσ᾿· ἔχεις νόσον, χαίρεις διδούς.


Ce que tu as, toi, ce n’est pas de l’amour des hommes, c’est une maladie ; tu trouves de la joie à donner[4].

  1. « Ô divin ciel, rapides ailes des vents,
    « ô fleuves et leurs sources, ô de la mer et des flots
    « innombrable sourire, et toi, mère de tout, terre,
    « et celui qui voit tout, le cercle du soleil, je vous appelle ;
    « voyez-moi, ce que les dieux font souffrir à un dieu. »

    (Traduction de Simone Weil.)
  2. Ch. xxxviii-xli.
  3. Le vers dit par Océan est le suivant :

    Il n’y a pas de gain plus grand que de paraître fou parce qu’on est bon.

    Et la réponse de Prométhée :

    Cette faute semblera plutôt être la mienne.

  4. Diels, Fragmente der Vorsokratiker, 5e éd., I, p. 203, fr. 31.