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ἔστι ἁρμονία πολυμιγέων ἕνωσις καὶ δίχα φρονεόντων συμφρόνησις.


« L’harmonie est l’unité d’un mélange de plusieurs, et la pensée unique de pensants séparés[1]. »


[La 2e partie de la définition ne peut, il me semble, s’appliquer qu’à un être en plusieurs personnes.

On peut en rapprocher une autre formule pythagoricienne :


φιλίαν ἐναρμόνιον ἰσότητα.


« L’amitié est une égalité faite d’harmonie[2]. »


Ces deux formules combinées seraient un point de départ parfait pour un théologien qui voudrait parler de l’amour dans la Trinité.]


πάντα γε μὴν τὰ γιγνωσκόμενα ἀριθμὸν ἔχουσι· οὐ γὰρ οἷον τε οὐδὲν οὔτε νοηθῆμεν οὔτε γνωσθῆμεν ἄνευ τούτου.


« Toutes les choses connues ont un nombre (ont part au nombre ?). Car rien ne peut être pensé ni connu sans le nombre[3]. »


[Pour éviter l’incompréhension à l’égard de ce texte, il faut se souvenir qu’en Grèce ἀριθμός, λογισμός, λόγος, étaient des synonymes — surtout depuis la découverte des incommensurables, qu’on nommait λόγοι ἄλογοι. La meilleure preuve est qu’Aristote dit que Platon, en parlant de « participation aux idées » au lieu d’ « imitation des nombres » n’a changé qu’un mot à la doctrine pythagoricienne. Donc dans ces textes, au lieu de nombre, on pourrait, en utilisant notre langage qui d’ailleurs est mauvais, dire Verbe. En même temps, il est vrai aussi, mais secondairement, que ces textes ont rapport à l’arithmétique.

  1. Diels, I, 410, fr. 10.
  2. Ibid., 451, lignes 12-13.
  3. Ibid., 408, fr. 4.