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[1]Tout veult à lui traire et tirer
Sans soi de raison atirer ;
Pitié n’a ne misericorde
1100De nullui, ne il ne s’acorde
A nul bien dire nule fois ;
En lui n’est loiautez ne fois,
Charitez ne autre vertus ;
N’est aournez ne revestus
[2]1105De nulles meurs de bon afaire ;
Tant li plaist malices à faire
Qu’à paine est riens qui li eschappe
[3]Que tout partout ne pregne et happe ;
Où avenir puet et haper,
1110N’est riens qui li puist eschaper,
Fors mort cui il n’eschapera,
Car en soursaut le hapera
Quant plus plaine ara sa hapée ;
Nes la piaus n’en iert eschapée
1115Du mal tirant qui tout englout.
Tant a cuer couvoiteus et glout
Et l’orde avarice tant gloute
Qu’en tout liu n’a riens qu’il n’engloute
Et tout trait el fons de sa nasse.
1120Quanque li poures hons amasse,
Tout le renglout et le menjue
[4]Par celi qui o lui se jue :
C’est faussetez c’on li conseille,
Qui en court de maint prince veille.
1125L’omme ainssi destruit, ce me semble,
Qui près de lui l’avoir assemble,
Que tu vois ces prez esrachiés,
Ces vignobles et ces vergiés,

  1. B. à soi.
  2. nulle.
  3. ne prent ; B. ne prengne et grappe.
  4. celui… le jue.