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Ensus, quant trop l’oi aprochié,
Et ai tantost harou huchié,
Et pris à trembler de paour.
520— « Compains, Dieu et ses sains aour »,
Dist Veritez, « et que te faut ?
Or me di, se Diex te consaut,
Fai moi veritable respons :
T’a or bien esbahi cis pons,
525En es tu bien esmerveilliez ? »
— « Dame, oïl voir, or me veuillez
Dire pour Dieu que ce puet estre.
Ce pont à destre et à senestre
Voi de pierre si bien pavé
530Et si richement atravé
[1]De maisons, chastiaus et dongons —
[2]Montferrant que nous eslongons
Ne fu onques si biaus d’assez —
Que tiex .xx. en a amassez
535Et fais seur ce pont touz en route,
[3]Et si voi que chascune est route
Des estaches qui le soustiennent :
[4]Je ne sai comment il s’i tiennent
Ne comment nus manoir y ose,
540Car c’est trop perilleuse chose.
Il semble adès qu’il doit cheoir,
Vous le povez à l’ueil veoir ;
Aussi font il chascuns l’esgarde,
Mais il ne s’en donront de garde
545Qu’il leur charra tout en .i. mont.
Et quant paours ne les semont
De ce pont perilleus widier,

  1. dangons
  2. esloingnons
  3. toute (participe de tolre, enlever). J’ai corrigé route (rupta, rompue) d’après AB., comme plus adapté au sens et amenant une rime plus riche.
  4. se tiennent.