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M. Dinaux[1], sans toutefois revendiquer la noblesse pour Watriquet, explique Ver Joli par Verde place, « nom d’un joli et ancien village situé non loin de la petite ville de Couvins (sic). » Nous nous sommes épargné la peine de vérifier l’existence d’un lieu du nom de « Verde Place », trop sûr que nous étions que Watriquet, s’il avait eu un domaine, l’eût nommé de son vrai nom, et qu’au surplus, ver n’a rien à faire ici avec vert. N’ayant pas d’autre titre à faire valoir en dehors de sa ménestrandie, le trouvère s’est hardiment et fièrement qualifié de seigneur de Rime Gracieuse, baron du Gai Savoir, ou du Vers Joli[2]. C’était bien là sa terre assignée, sa baronnie.

Nous n’avons rien à apprendre au lecteur en ce qui concerne son éducation ; ses vers font preuve qu’il n’était pas sans quelque connaissance du latin et que les grandes épopées des cycles carlovingien et breton, comme les compositions plus récentes des romans du Renard et de la Rose, ne lui étaient pas plus restées étrangères que les Saintes Écritures ; mais nulle part, Salomon et saint Paul exceptés, il ne mentionne aucun titre de livre, ni aucun nom d’écrivain. — A-t-il été marié et père ? La question reste ouverte ; tout ce qui ressort de ses vers, à ce sujet, c’est qu’il cite « une amie » et que cet amour n’est point resté platonique. (Voy. Quatre Sièges, 15.)

Sur les 32 pièces de notre recueil, 13 sont ou datées par l’auteur dans le contexte même, ou faciles à dater par induction. Ces dates s’étendent de l’an 1319 à

  1. Trouvères, t. IV, p. 683.
  2. L’orthographe ver (sans s) est constante dans nos textes.