Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
VOYAGE DANS LES PRAIRIES

à l’orient, un roulement de tonnerre sourd, et des nuages qui se rassemblaient sur l’horizon. Beatte prédit qu’on aurait de la pluie, et que le vent tournerait au nord. Pendant notre marche, une volée de grues plana sur nos têtes, venant du nord. « Voici le vent ! » dit Beatte ; et en effet il commença presque à l’instant à souffler de ce point, amenant de temps en temps des averses. À neuf heures et demie, nous passâmes le gué de la Fourche Nord de la Canadienne, et nous étions campés à une heure, afin de donner à nos chasseurs le temps de battre le pays pour avoir du gibier. Une disette sérieuse menaçait le camp. La plupart des cavaliers, jeunes, étourdis, sans expérience, n’avaient jamais pu se laisser persuader de conserver pour l’avenir, dans les momens d’abondance, en emportant des viandes cuites ou séchées. Lorsqu’ils abandonnaient un campement, ils y laissaient au contraire quantité de viande, et confiaient à la providence et à leurs fusils le soin de pourvoir aux besoins futurs. La conséquence de cette conduite devait être naturellement une famine si quelque rareté de gibier ou de mauvaises chances rendaient la chasse insuffisante. Dans le cas présent, ils avaient laissé au camp, sur la grande prairie, des charges de