Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que le commerce tirât de grands avantages du prêt, et ne pût aucunement s’en passer ; bien qu’il fût impossible, injuste même, d’exiger du capitaliste qu’il fit l’avance de ses fonds sans émoluments.

J’ajouterai : bien qu’il ne fût autre chose que la vente du revenu ; c’est la seule chose que M. Proudhon ne sait pas dire, elle le dispenserait d’énoncer les autres.

Tout cela a été démontré par les casuistes de notre siècle aussi bien que par les économistes ; et l’on sait que je ne fais aucune difficulté de reconnaître la légitimité de l’intérêt, dans les conditions d’économie inorganique et individualiste où a vécu l’ancienne société.

Je prends acte, M. Proudhon, de cette condescendance.

Puisque l’Église…a cru devoir se rétracter…elle avait donc tort, elle était inique et insensée…

Je n’ai point à défendre l’Église contre les variations, divagations, prévarications et rétractations que lui reproche M. Proudhon. Que M. Proudhon et l’Église s’arrangent ensemble : c’est leur affaire. Je ne m’occupe, moi, que des divagations de M. Proudhon.

L’Église, direz-vous, n’a point changé de maximes ; comprenant la nécessité des temps, elle ne fait qu’y adapter sa discipline, elle use de tolérance…

Si l’Église fait cela, je lui en sais gré. Elle comprend au moins que la morale ne régit point la science, mais lui obéit ; en particulier, elle sait réformer sa casuistique conformément aux découvertes de l’économie ; c’est très-louable.

L’Église joue de malheur on vérité : elle proscrit le prêt à