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Pierre se sépara de son digne instituteur, non sans beaucoup de larmes ; il alla faire ses adieux à son oncle, à sa tante, à Loubette, et il obtint de son oncle la promesse que son mariage se ferait aux fêtes de Pâques.

La joie d’Émeriau et de sa femme fut inexprimable en voyant leur fils venir se fixer près d’eux pour ne plus les quitter.

— Que le ciel soit béni, disait le père, tu as compris que le bonheur t’attendait ici bien plus que dans les villes !

Et le bon vieillard se sentait rajeunir en contemplant son fils et en le voyant reprendre son fusil et ses filets, comme s’il ne les avait jamais quittés.



xii. — L’Étranger.


Les dix mois qu’il fallait passer pour arriver aux fêtes de Pâques s’écoulèrent en joyeux préparatifs ; et quand le grand jour fut venu, Pierre et Émeriau firent prendre le large au bateau et voguèrent à la rencontre de Loubette et de ses parents. Pendant ce temps, un bon dîner se préparait dans la cabane ; le petit François tournait la broche et secondait la femme d’Émeriau avec zèle et intelligence. Le meilleur poisson, le meilleur gibier avaient été réservés pour ce joyeux festin ; on n’avait invité que la famille, et le repas était la seule fête qu’on eût voulu se permettre.

Quel fut donc l’étonnement général, lorsqu’à l’instant où le bateau entrait dans les canaux des marais, non loin de la hutte du père de Loubette, une foule de jolies petites