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Consacrant sans regret ta tendresse offensée
À la rédemption de mon cœur malheureux,

« Regarde, disais-tu, je t’aime et je suis belle,
Ma vie est une rose éclose sous tes pas…
Ah î laisse-moi t’aimer, mon cher enfant rebelle ! »
Mais je baissais la tête et ne répondais pas.

Des pleurs nuançaient d’or tes grands yeux d’améthyste,
Et, bien que te sachant pour toujours loin de moi,
Tu chantais, exhalant ta céleste âme triste
Dans un hymne d’espoir qui cachait ton émoi.

(i Je t’aime… Je suis belle !… » Hélas ! ces mots suprêmes
Sur ta lèvre d’enfant me semblaient étrangers,
Et je te rejetais, plaintive sœur qui m’aimes,
Avec un geste las, tes rêves outragés.

Que m’importait le don d’un ineffable songe
Dont la pure clarté grandissait chaque jour,
Quand mon inquiétude éprise de mensonge
Se plaisait aux tourments d’un dérisoire amour !

Si tes yeux ont pleuré sur moi qui t’ai meurtrie,
Si ton ame a gémi sous mes doigts criminels,
Si j’ai semé d’effroi ta jeunesse fleurie,
Si j’ai marqué ton front de mes baisers cruels,

Si j’ai fui la douceur de ta lèvre bénie,
Si j’ai brisé ton cœur, si je l’ai blasphémé,
Gomme toi, j’ai connu cette grâce infinie
Et ce martyre affreux d’aimer sans être aime.

Mes rêves les plus chers, ma force, mon ivresse.
Les merveilleux espoirs qui s’éveillaient en moi,
Tout mon être exultant d’immortelle jeunesse,
Mes chants doux et pieux comme un acte de foi,

Les roses de ma vie et les lys de ma gloire,
Mon amour noble et pur comme un éphèbc Roi,
J’avais tout abdiqué sur l’autel illusoire
D’une enfunt dont l’orgueil brûlait le front étroit.

Elle a tout déchiré de sa fine main pale,
Se riant de mes fleurs et narguant ma chanson,