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Rêver, aimer, seul est réel :
Notre vie est l’éclair qui passe,
Flamboie un instant sur le ciel,
Et se va perdre dans l’espace.

Seule la passion qui luit
Illumine au moins de sa flamme
Nos yeux mortels avant la nuit
Éternelle, où disparait l’âme.

Consume-toi donc ; tout flambeau
Jette, en brûlant, de la lumière ;
Brûle ton cœur, songe au tombeau
Où tu redeviendras poussière.

Près de nous est le trou béant ;
Avant de replonger au gouffre,
Fais donc flamboyer ton néant ;
Aime, rêve, désire et souffre !


(L’Illusion : Chants de l’Amour et de la Mort.)


LA BÉNÉDICTION DU MARIAGE PERSAN


Soyez grands, soyez forts, soyez victorieux ;
Soyez aimants, marchez des flammes dans les yeux.
Soleil, Dieu des clartés, Dieu bon qui les pénètres,
Verse-leur ton amour brûlant pour tous les êtres.
— Comme le Ciel bénit la Terre nuit et jour,
Homme, sur cette femme épanche ton amour ;
O femme, quand sa main entr’ouvrira tes voiles,
Qu’il trouve en toi la paix sereine des étoiles.
La vie est un tragique et sublime combat :
Affrontez-la d’un cœur vaillant que rien n’abat
Soyez purs de pensée et purs en vos paroles,
Pour que vos actions ne soient vaines ni folles,
Craignez déjà les yeux futurs de vos enfants.
A travers les douleurs avancez triomphants,
Imitez les héros de l’époque première,
Luttez pour la justice et la sainte lumière,
Chassez le mal, chassez la nuit, semez le bien,
Resserrez toujours plus l’infrangible lien
Dont j’unis à jamais vos deux cœurs dans la vie.