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dérer la chose que sous le rapport de l’art et plus spécialement de la musique. D’ailleurs, au point de vue religieux, les Juifs ne peuvent plus être considérés comme étant nos ennemis et cela grâce à ceux qui, au sein même de notre religion, se sont attiré la haine populaire. En ce qui concerne la question politique, nous ne sommes jamais entrés en conflit direct avec les Juifs ; nous avons souhaité qu’il se crée un jour un royaume juif à Jérusalem, et de ce côté-là nos regrets furent réels, quand nous vîmes que M. de Rotschild préféra, en homme d’esprit qu’il est, rester le « Juif des Rois » plutôt que de devenir le « Roi des Juifs ».

Certes, là où la question politique se mue en question sociale, il n’en est plus de même ; notre sentiment inné de justice humaine nous a fait un devoir de voler au secours des Juifs persécutés et cela d’autant plus que s’éveillait en nous-mêmes une aspiration vers la liberté et l’indépendance de la société. Toutefois, même lorsque nous luttions pour l’émancipation des Juifs, nous étions davantage les défenseurs d’un principe abstrait, que celui d’un cas concret bien déterminé. Par le fait même que tout notre libéralisme était plutôt entaché de trouble, nous défendions le peuple juif sans même chercher à le connaître – et même en faisant tout pour l’éviter – et nous devons reconnaître que notre zèle à exiger l’égalité des droits pour les Juifs, avait davantage sa source dans un état de surexcitation, bien plus que dans une sympathie raisonnée ou réelle. Car, malgré toutes nos paroles et nos écrits en faveur de l’émancipation des Juifs, nous ne pouvions, à