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opéras à l’intention de Paris, et les fait alors représenter dans le monde entier. C’est le plus sûr moyen de se faire passer à présent pour un artiste, sans avoir le moins du monde le sens artistique. Cette auto-illusion qui doit certainement être plus pénible qu’on ne le suppose, nous le ferait également apparaître sous un côté tragique ; mais le rôle joué par l’intérêt au point de vue personnel fait plutôt de ce personnage quelque chose de tragi-comique. L’impression de froideur et de profond ridicule qu’il nous produit révèle en somme les caractères distinctes du judaïsme dans la musique.

En examinant soigneusement les faits que nous avons articulés et qui nous ont été connus par la recherche de notre antipathie pour l’élément judaïque, il ressort clairement ce que nous appellerons l’incapacité musicale de notre époque. Si les deux compositeurs juifs[1] avaient porté notre musique à un plus haut degré d’épanouissement, nous devrions en toute sincérité reconnaître notre retard sur eux et l’attribuer à notre nature même. Mais ce

  1. L’attitude adoptée à l’égard de ces deux compositeurs célèbres par les musiciens juifs, et en général par les juifs cultivés, est non moins caractéristique. Pour les partisans de Meldenssohn, ce grand compositeur d’opéras apparaît comme un épouvantail ; ils se rendent compte avec un orgueil délicat qu’il compromet le judaïsme vis-à-vis du compositeur plus raffiné, et leurs jugements sont en conséquence sans ménagement. En revanche, les partisans de ce compositeur sont plus circonspects sur le compte de Mendelssohn, en considérant avec plus d’envie que d’animosité la fortune qu’il a réalisée dans un monde musical « plus élevé ». À un troisième tiers, formé de ceux qui continuent de composer, il semble préférable d’éviter tout scandale parmi eux, afin de ne pas se compromettre et de voir leur production musi-