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5 Octobre.

Il n’y a pas longtemps, la comtesse A… m’annonça le prochain envoi d’une statuette. Je ne compris pas et achevai dans l’entretemps la lecture de l’Histoire de la Religion de Bouddha par Köppen. Un livre de peu de profit. Au lieu des traits caractérisant véritablement la plus ancienne des légendes, que je cherchais, rien, pour ainsi dire, que l’exposé de son développement tiré en longueur, lequel devient évidemment toujours d’autant plus déplaisant que le germe originel est plus pur et plus sublime. Après avoir été dûment révolté par la description détaillée du culte fixé dorénavant pour toujours, avec ses reliques et ses images, sans aucun goût, de Bouddha, je vois arriver la statuette, qui se trouve être un exemplaire chinois d’une de ses images vénérées. Grande fut mon horreur et je ne pus la cacher à la comtesse, qui croyait être dans le vrai.

On a beaucoup de peine à se défendre de pareilles impressions, dans ce monde porté à tout défigurer. Les gens aiment tellement à représenter ce qu’il y a de plus noble en le rabaissant à leur propre niveau, c’est-à-dire en le caricaturant, dès qu’ils ne peuvent s’élever jusqu’à lui ! Je suis parvenu toutefois à me conserver pur le Bouddha, fils de Çakya, malgré la caricature chinoise.

Cependant dans cette Histoire, j’ai dé-

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